Colours, fireworks, reality amplified, these are the impressions we get when we look at the creations of Phil and Jean-Luc. They are almost disconcerting because they are familiar scenes, landscapes, but metamorphosed into a world that is dreamlike, an atmosphere resembling Alice's Wonderland. An acidulous and fantastic world.
Phil and Jean-Luc are a duo of artists. They conceive and create large canvases like a duet played with four hands. Phil has always been passionate about image. Video and photography are the media he uses to unveil the world in which we live. His desire: to help us really see our surroundings.
Phil chooses a site, a facade, a garden, and more especially, a viewpoint. He chooses low-angles, tight frames, the camera lens always in line with the human eye.
This is an aspect of his work that is important to underline; the camera allows one to focalize the perception of the individual. The photograph, once chosen, is reworked in black and white or even in tinted grey, or colours , then printed on canvas - what the English elegantly call a 'Giclée'.
It is from this moment on that the virtuosity and personal interpretation of Jean- Luc, the painter, comes into play. With patience, Jean-Luc paints sections of the canvas in acrylic - this could cover anything from 40% to 60% of the canvas - with Pop Art colours. The result is a canvas that is a riot of colour that renders it really festive, combining both technical ability and craftsmanship.
The canvas can be analysed at many levels. If we place ourselves close to it, we see the say, traces of the brush, the different thicknesses of the solid colours, which is really the essence of a painting. That is what makes each canvas unique, as it cannot be replicated.
This traditional concept is no longer distinguishable if one views the canvas from a distance of 20 meters. The viewer might even think that it is a photograph that was brilliantly reworked with Photoshop. In fact it is a game of peek-a-boo between human skill and technology, between the old and the new. The work then acquires an aura of timelessness. It traverses and synthesizes the technological evolution of the past 200 years. One could also frame the question in terms of a telescoping of the modern and the old.
What also strikes us in this 4-hand duet is the sequence of work. In fact, works of art painted by several artists are not uncommon in the history of art. For example, Italian Renaissance, where fruits were often painted by experts in still life, and faces by more experienced portraitists. In such cases, the artists created, in perfect coordination, a coherent work where each element blended perfectly with the others.
In the works of Phil and Jean-Luc, this aspect is not so evident. We have first the subjective view of the photographer-video maker, then a view with another subjectivity, that of the painter. So that both these perceptions remain visible and comprehensible, the painter covers only certain sections of the canvas. The unpainted portions that are visible allows one to discover Phil’s perspective.
These works are therefore the result of two points of view, two interpretations juxtaposed.
This concept is very pertinent. It reminds us how each of us see space and time differently, how difficult it is for one to understand the universe of the other. But also to realize that these are apprehensions differentiated by our environment, those that define the individual, and also the importance of dialogue.
Couleurs, feux d’artifice, réalité augmentée sont les impressions que l’on ressent quand nous observons les œuvres réalisées par Phil et Jean Luc. Les œuvres déconcertent car ce sont des visions, des paysages connus mais métamorphosés dans un univers onirique dans l’esprit d’ Alice au Pays des Merveilles. Un monde acidulé et fantastique.
Phil et Jean Luc est un duo d’artistes. Il réalise et élabore à 4 mains des œuvres de grandes dimensions. Phil est depuis toujours un passionné de l’image. La video etla photographie sont les média qu’il utilise pour révéler le monde dans lequel nous vivons. Son désir : nous aider à voir ce qui nous entoure. Phil choisit un site, une façade, un jardin, et surtout un point de vue. Il choisit des contre-plongées, descadrages serrés, l’objectif de l’appareil reste à la hauteur de l’œil humain. C’est un axe de son travail qu’il est important de signaler, l’appareil photo permet de fixer la vision du quidam. Le cliché, une fois choisi, est retravaillé en noir et blanc voir en gris coloré puis imprimé sur une toile. Ce que les anglais appellent avec élégance une Giclée. C’est à partir de ce moment qu’entre en jeu la virtuosité et les appréciations subjectives de Jean Luc, le peintre. Avec patience Jean Luc va peindre avec des acryliques une partie de la toile environ 40 à 60% selon des couleurs Pop Art. Au final l’œuvre est éclatante de couleur avec un rendu festif et mêlant un travail technologique et artisanal.
L’analyse de ces œuvres s’inscrit à plusieurs niveaux. Si nous nous plaçons à une très petite échelle, nous constateront que le pinceau à laisser des traces, que les aplats de couleur ont une épaisseur variable, ce qui est le propre de la peinture. Cet aspect rend l’œuvre unique puisque non reproductible. Cet notion artisanale n’est pas visible si le spectateur se positionne à 20 mètres de la toile. Il pourrait croire a une photographie retravaillée avec brio sur photoshop. En fait c’est un jeu entre l’artisanal et l’industriel, entre l’ancien et le moderne. L’œuvre acquiert ainsi une notion d’intemporalité. Elle traverse et résume toute l’évolution technologique de ces derniers 200 ans. On pourrait aussi formuler ce questionnement comme un télescopage du moderne et de l’ancien.
Ce qui nous interpelle aussi dans ce travail à 4 mains et leur rythme de travail. En effet les œuvres à plusieurs mains ne sont pas rares dans l’histoire de l’art. Par exemple à la Renaissance italienne souvent les fruits étaient peints par les professionnels de la nature morte et les visages par des portraitistes plus aguerris. Dans ce cas de figure, les artistes réalisent avec une totale entente une œuvre cohérente où chaque élément est intimement lié aux autres. Dans les œuvres de Phil et de Jean Luc, ne n’est pas aussi évident. Nous avons tout d’abord le point de vue subjectif du photographe-vidéaste, puis la vision d’une autre subjectivité, celle du peintre. Afin que les deux aperçus restent visibles et lisibles, le peintre ne recouvre pas la totalité de la toile. La réserve ainsi apparente permet de découvrir l’œil de Phil. Ces œuvres sont donc le résultat de 2 points de vue, deux subjectivités juxtaposées. Cette notion est très pertinente, elle nous rappelle combien chacun d’entre nous entrevoie différent l’espace et le temps. Combien il est difficile de comprendre l’univers d’un autre. Mais aussi de réaliser que ce sont ces appréhensions différenciées de notre environnement qui définissent l’individu et la richesse des échanges.
Phil est un homme au caractère fort, ayant développé une grande puissance d’analyse, ces traits de caractère se retrouvent dans son travail photographique lequel possède une critique sans commisération de notre société.
Tel un témoin sans tomber dans le moraliste, le photographe semble recueillir dans ce monde qui change trop vite, l’Instant qui résume le moment.
C’est une reproduction de la réalité, une réappropriation de la réalité.
Cette acuité de l’instant juste, il l’a renforcé grâce à ses débuts dans l’art.
Bien qu’il ait toujours affectionné d’utiliser le média de la photographie, c’est dans la vidéo qu’il fut d’abord reconnu. Pratiquant ce métier durant plus de 30 ans, il a commencé par filmer les défilés de mode parisiens et fut même l’un des premiers réalisateurs à comprendre l’intérêt de la captation de ces événements éphémères.
Puis il voyagea à travers le monde pour réaliser des documentaires.
Ce travail, lui a permis de renforcer son approche de la couleur, de la lumière et de l’instant parfait.
Pour lui, la photographie n’est autre qu’un film arrêté.
Préférant le noir et blanc argentique Phil nous propose de voir sans nostalgie ni violence ni dramatisation, l’Autre qui est au cœur de la société.
Cumulant plusieurs activités artistiques que sont la vidéo, la photographie et la musique, il a su s’approprier chacun de ces média pour en refaire une interprétation toute personnelle.
Ayant déjà exposé plusieurs fois dont par exemple à Los Angeles dans les années 80 et à l’Espace Landowski à Boulogne Billancourt, Phil Warin se présente comme un artiste transversal, à la touche émotionnelle puissante.
Et c’est naturellement qu’il a décidé de se tourner vers des collaborations fructueuses avec d’autres artistes à partir des années 2000.
En effet son sens de l’innovation, lui a permis d’anticiper combien les arts devaient se mêler et même s’interpénétrer. Ce fut le cas en 2008 avec le travail réalisé avec le peintre Jean Luc ou en 2015 avec le Street Artiste Zdey.
Ne cherchant pas à modifier leur style, chacun ajoute à l’œuvre sa sensibilité et sa technique. Les œuvres sont ainsi le résultat de deux points de vue, de deux subjectivités juxtaposées.
De part, sa capacité à comprendre le monde qui nous entoure et à anticiper les révolutions technologiques et esthétique, Phil Warin est un artiste qui n’a de cesse de se renouveler et de nous surprendre.
Thierry Tessier (expert en Art/Curator Vanities Gallery)
L’humour est-il de l’art ou simplement une critique de la société ?
Depuis Andy Warhol (1928-1987) avec le Pop Art et ses suiveurs contemporains comme Jeff Koons et le Kitsch art, cette question devient de plus en plus pertinente.
Banksy a été l’un des premiers street artistes à user de l’humour pour critiquer la société contemporaine. Et souvent cette démarche ne fut pas appréciée, même par les artistes de la rue, qui avaient une vision beaucoup plus dogmatique, d’un art qui se devait d’être violent et dur, comme une métaphore de la lutte des classes. Mais les temps évoluent et ce qui était un épiphénomène est maintenant partagé par une large frange des artistes. Tel l’artiste Zdey qui a créé un personnage récurrent nommé « The masked Bastard », ce petit bonhomme au faux air d’un Zorro monochrome court sur les murs du monde entier pour critiquer le monde, rire de nous, ou nous aider à remarquer l’invisible.
Nous observons également un autre phénomène surgit de plus en plus, ce sont les collaborations entre les street artistes et les artistes qui utilisent un média plus conventionnel. C’est une façon très pragmatique de reconnaître le street art comme un art de premier plan. Et l’association entre Zdey et le photographe Phil Warin est de cet ordre. Deux générations différentes, deux média qui de prime abord n’ont rien en commun et pourtant leur collaboration est fructueuse.
Ne cherchant pas à modifier leur style, chacun ajoute à l’œuvre sa part très personnelle. Phil Warin qui est un homme au caractère fort et à la grande puissance d’analyse, apporte un travail photographique sans concession. Alors que Zdey imagine avec son personnage remarquable entre mille, une touche d’humour et d’irrévérence. L’œuvre finale combine ces axes et nous offre une lecture originale du monde et de nous-mêmes.
Is humour art or just a criticism of society? Since Andy Warhol (1928-1987) with his Pop Art and his contemporary followers such as Jeff Koons and Kitsch Art, this question becomes increasingly more relevant.
Banksy was one of the first street artists to use humour to lampoon contemporary society. And often this approach was not appreciated, even by street artists, who had a much more dogmatic vision, of an art that had to be violent and tough, like a metaphor of class struggle. But times change and what was an epiphenomenon is now shared by a large section of artists.
One of them being Zdey, the artist who created a recurring character named «The masked Bastard», the little man with the false air of a monochrome Zorro who runs along the walls around the world to poke fun at it, laugh at us, or help us to see the unseen.
We also see another phenomenon emerging more and more, the collaboration between street artists and artists who use a more conventional media. It is a very pragmatic way of recognizing street art as a major art form. The association between Zdey and the photographer Phil Warin, photographer is of this category. Two different generations, two media that prima facie have nothing in common and yet their collaboration is fruitful.
Not trying to change the other’s style, each one adds his very personal contribution to the work. Phil Warin, a man of strong character with great analytical power, provides the photographic work that is uncompromising, while Zdey vi- sualizes with his remarkable and distinctive character, a stroke of humour and irreverence. The final tableau combines these two axes and offers us original interpretations of the world and of ourselves.
Thierry Teissier expert/curator at Vanities Gallery